Une « performance scénique » à partir du journal de Lina Schmalhausen, (1864-1928) élève et confidente de Franz Liszt.
Agé de 75 ans, malade, Franz Liszt se rendit à Bayreuth pour voir sa fille Cosima. La veuve éplorée de Richard Wagner ne le reçut pas dans sa villa Wahnfried, mais, le mit, alité, en face, chez un maître forestier, plus préoccupée par le devenir du Festival de Bayreuth. Laissé entre les mains d’incompétents, Liszt, souvent seul, souffrit atrocement dans cet ailleurs voisin, sans que « l’en face » ne s’en soucie trop. Cosima courait après l’argent (Parsifal et Tristan n’attendent pas !), tandis que ses enfants s’amusaient juste à coté de la chambre où il mourut la nuit du 31 juillet 1886. S’en suivit une incroyable manipulation, du corps et des faits, dont l’élève préférée du Maître témoigna. Le vivant fut indésirable, le moribond encombra et son cadavre dérangea. Père et fille, face à face, et puis l’ombre d’un autre génie qui plane.
En 1977, Alan Walker découvrit au Goethe und Schiller Institut de Weimar, un document dont la publication avait été interdite par les proches du musicien : Le journal de Lina Schmalhausen, à qui Liszt confia plusieurs partitions originales (Christus, Méphisto Polka, Am Grabe Richard Wagner). Le Beau-père de Wagner, comme on disait, fut mis vite en terre et sans ornements. Il fallut attendre près d’un siècle avant qu’un tombeau digne de son nom ne soit érigé dans ce Bayreuth qu’il n’aimait pas.